La réanimation pour les nuls

Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus. Aujourd’hui, sa chronique évoque la réanimation.  Tout d’abord, l’occasion d’un coup de sang : c’est ceux qui n’y foutent jamais les pieds qui en parlent le mieux (…) La médecine et la recherche éthiques et propres sont mortes et enterrées à l’occasion de cette crise sans précédent. Sur l’autel de la mégalomanie de quelques gourous à la tête de sectes mafieuses, dont la médiocrité scientifique n’a d’égal que la malhonnêteté intellectuelle. Les fleurs ont été déposées par les légions d’imbéciles des réseaux sociaux, parfois en service commandé. Les couronnes ont été déposées par des pantins de plateaux télé de chaînes d’info en continu irresponsables. Vol au-dessus d’un nid d’irresponsables. Mais c’est aussi le moment d’écouter les réanimateurs, par exemple Damien Barraud a 45 ans, réanimateur à l’hôpital de Metz-Thionville.   On ne peut guérir tout le monde. Nous sommes des soignants, pas le Petit Jésus ou tout autre druide barbichu. S’en rendre compte est vital. Pour ne pas disjoncter. On tente de guérir le malade. Et quand on ne peut pas, il faut savoir s’arrêter, jeter l’éponge de soins devenus futiles, ne pas sombrer dans l’acharnement, et accompagner la fin de vie. A good life, and a good death. Bien accompagner un patient et ses proches, assurer une bonne fin de vie est aussi important qu’aboutir à la guérison.

James Gouldthorpe a tagué cette illustration #frontlineworkers . Ils sont tous épuisés, ceux qui, depuis mars, n’ont pas vraiment quitté le front